Évolution du Dispositif d’Annonce d’un Cancer
Le dispositif d’annonce du cancer est une des conditions transversales de qualité d’un établissement pour être autorisé à traiter les cancers. Son application reste encore très hétérogène et souffre d’un manque d’articulation avec la médecine de ville. Il est donc nécessaire de promouvoir une approche intégrée du dispositif pour que la période d’annonce devienne véritablement un processus pluri-professionnel dynamique tout au long du parcours patient.
Le pendant de cette volonté est que les professionnels de santé doivent être formés à la démarche. Selon l’Institut National du Cancer (INCa), cette formation doit être réalisée par les Réseaux Régionaux de Cancérologie avec l’appui des 3C.
D’un point de vue opérationnel, la coordination entre les professionnels dans le dispositif d’annonce s’appuie sur la traçabilité du contenu de chaque consultation. Il est également nécessaire que l’annonce soit réalisée dans un lieu chaleureux et calme garantissant la confidentialité et la non-interruption de l’échange. L’annonce doit se faire en semaine à des horaires pratiques afin que le patient ne reste pas seul et puisse contacter d’autres professionnels de santé. Il est également préconisé de favoriser l’accompagnement par un proche et d’apporter un discours clair, adapté et neutre, en favorisant l’utilisation de schémas et croquis pour faciliter la compréhension.
Chronologie du dispositif
1. Le temps d’annonce de la suspicion d’un cancer
Annonce réalisée au plus vite par le médecin après qu’il ait pris connaissance des résultats évoquant le diagnostic : soit par le professionnel qui a effectué l’examen d’orientation diagnostique ; soit par le médecin prescripteur de l’examen diagnostique (médecin traitant ou spécialiste d’organe) :
- Si c’est le médecin qui a réalisé l’examen, il dispose de peu de connaissance sur le patient donc il doit informer, sans dramatiser, de l’existence d’anomalies/de résultats anormaux afin d’inciter le patient à consulter son médecin prescripteur. Il est donc un véritable relais auprès du médecin prescripteur et peut permettre l’information et l’obtention d’un rendez-vous en délai court.
- Si c’est le médecin prescripteur, alors une annonce progressive est préconisée reprenant l’histoire de la maladie, la suite immédiate du parcours, comprenant un rendez-vous rapide avec le spécialiste. Il rédige alors une lettre de liaison comprenant le motif, les antécédents médico-chirurgicaux et la situation socio-professionnelle et familiale.
2. Le temps d’annonce de la confirmation du diagnostic
Annonce réalisée au sein de l’établissement autorisé dans un délai très court après l’obtention des résultats par le médecin spécialiste en cancérologie impliqué dans la mise en œuvre du projet thérapeutique. Ce dernier doit cerner le niveau d’information du patient au préalable pour ensuite apporter une réponse adaptée et confirmer le diagnostic.
Il explique au patient que son dossier bénéficiera d’une discussion collégiale au sein d’une Réunion de Concertation Pluridisciplinaire (RCP) (afin de proposer la prise en charge la plus adaptée), le bénéfice d’un temps d’accompagnement soignant paramédical et évoque, les soins de support, les nouvelles thérapies, les dispositifs coordination avec la ville et réassure de la disponibilité du service.
Ce médecin tient ensuite informés les médecins préalablement concernés (médecin traitant et/ou médecin spécialiste d’organe), du contenu de la rencontre et de la date de la RCP et prend connaissance de l’existence d’une possible maladie chronique avant la RCP.
Les Adolescents-Jeunes Adultes (AJA – 15-25 ans) ont le choix de rencontrer le médecin seul ou avec leurs parents (qui sont en droit de demander une rencontre ultérieure). Le professionnel de santé doit adapter son langage, rassurer sur l’objectif de continuité de la scolarité autant que possible et pouvoir proposer un soutien psychologique à l’ensemble de la famille et une prise en charge sociale si nécessaire.
3. Le temps dédié à la proposition thérapeutique
Ce temps permet de présenter la proposition de stratégie thérapeutique privilégiée et définie en RCP, ainsi que les propositions alternatives s’il en existe.
Lorsque que la stratégie thérapeutique est validée, elle est formalisée dans le Programme Personnalisé de Soins (PPS) remis au patient. Ce document comporte également les contacts utiles et les besoins en soins de support.
Cette consultation s’opère au sein de l’établissement autorisé par le médecin impliqué dans la mise en œuvre du projet thérapeutique. Il est recommandé de privilégier la présence de l’infirmière en charge du temps d’accompagnement pour favoriser la continuité de l’information.
À ce moment, il faut procéder à l’information et conseils sur la préservation de la fertilité pour les patients concernés, sur les répercussions de la maladie dans le quotidien du patient. Il est également préconisé de s’interroger sur le maintien de l’activité professionnelle du patient ou non, de prévenir de la survenue potentielle d’effets secondaires et de proposer, la participation à un essai clinique, le cas échéant.
À l’issue de ce temps, le patient doit avoir donné son accord pour la stratégie thérapeutique proposée et entendu qu’il peut se référer à un second avis. Le médecin traitant doit être informé de la décision par messagerie sécurisée.
4. Le temps soignant paramédical d’accompagnement
C’est un temps d’écoute, de reformulation et de complément d’informations dans l’espace dédié de l’établissement autorisé et le plus rapidement possible après la consultation d’annonce médicale.
Cet entretien est décomposé en deux moments distincts : la reformulation de la proposition thérapeutique et l’évaluation des besoins en soins de support. Cela implique la délivrance de conseils d’hygiène de vie (ex : incitation au sevrage tabagique, conseils nutritionnels, activité physique, prévention des effets indésirables), l’information sur la prise en charge financière des frais, la désignation de la personne de confiance, la possibilité de rencontrer un psychologue et les recommandations quant à l’utilisation des médecines complémentaires.
Ce temps doit aboutir à la rédaction d’une fiche de liaison intégrée au PPS.
5. La consultation de synthèse de ville
Cette consultation est assurée au cabinet du médecin traitant pour établir le protocole Affection Longue Durée (ALD) notamment. Si le patient s’avère être en situation complexe, le médecin à la possibilité de solliciter un dispositif de coordination.
Deux principes accompagnent l’ensemble du dispositif d’annonce, à savoir :
- Toujours donner la parole au patient en début de consultation pour mieux évaluer son niveau d’information, ses préoccupations, les questions en suspens etc ;
- Prévoir un accompagnement adapté des patients en fonction de leur vulnérabilité (ex : mobilisation des membres de l’équipe éducative de l’établissement médico-social, présence d’un professionnel de coordination –MAIA- pour les personnes âgées, intervention interprète spécialisé dans la langue des signes etc.).
Téléchargez le document complet sur le site de l’Institut National du Cancer : Évolution du Dispositif D’annonce
Le nouveau Programme Personnalisé de Soins
Le Plan Personnalisé de Santé (PPS) est un document de synthèse remit au patient à la suite de la discussion de son dossier en Réunion de Concertation Pluridisciplinaire (RCP). Il est structurellement composé de deux volets :
- le volet « informations générales » (informations administratives, coordonnées du médecin traitant, des médecins en charge du patient, des structures de coordination, des structures de soutien et d’information etc.)
- Le volet « soins » (diagnostic, programme thérapeutique et calendrier et soins oncologiques de support).
Il est toutefois possible de décider au niveau local d’ajouter des informations complémentaires au PPS.
C’est un programme co-construit entre le patient et le médecin. Il est nécessaire que le PPS soit remis au patient dans un langage qui lui soit compréhensible et qu’il soit particulièrement adapté quand il concerne les enfants et les Adolescents et Jeunes Adultes –AJA (15-25 ans).
Il a pour vocation d’être un outil du parcours de soins du patient intégré dans le Dossier Communicant en Cancérologie (DCC). La dématérialisation du PPS est donc nécessaire pour faciliter la réutilisation des informations préalablement recueillies. C’est donc un outil qui doit être informatisé et interopérable entre les différents professionnels de santé. En effet, l’interopérabilité permet à différents systèmes techniques d’utiliser un langage commun pour traiter les informations et permettre ainsi aux professionnels de santé de s’échanger les informations contenues dans le PPS quels que soient les outils informatiques qu’ils utilisent.
La dématérialisation favorise l’optimisation du temps médical de chaque professionnel impliqué dans le PPS. Le format technique retenu est le CDA, pour un format technique intégré et partagé. Cela permet pour le médecin la réutilisation de données préenregistrées telles que les annuaires et les listes de professionnels/services/structures.
Le PPS est différent du Dossier Médical Partagé (DMP), même s’ils comportent tous les deux des éléments communs : la fiche RCP la plus récente, le dossier médical, le plan de soins, le compte rendu du temps d’accompagnement soignant paramédical et l’évaluation sociale et des besoins en soins oncologiques de support.
Le PPS peut être réadapté tout au long du parcours, notamment en cas de nouvelle RCP, de modification du plan de soins, s’il apparaît de nouveaux besoins en soins de support, en cas de modifications des données ou coordonnées du patient, etc.
Enfin, l’information du patient sur le partage du PPS entre les professionnels de santé impliqués dans son accompagnement est indispensable au regard du partage de données que cela entraîne.
Plus de détails dans le document intégral de l’Institut National du Cancer : Le nouveau programme personnalisé de soins – Principes généraux d’utilisation et éléments fondamentaux